dimanche 11 septembre 2022

MARIA LARREA - LES GENS DE BILBAO NAISSENT OU ILS VEULENT - Rentrée Littéraire 2022 - Premier roman

RESUME :

L'histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu'elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d'une fille et la laisse aux soeurs d'un couvent. 

Elle revient la chercher dix ans après. L'enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l'aimera. Le garçon, c'est Julian. La fille, Victoria.

Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice. Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l'enfance de ses parents et la sienne. 

Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et soeurs, l'équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l'orphelinat pour s'embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France.

La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d'immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s'extirpe de ses origines.

Jusqu'à ce que le sort l'y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu'elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C'est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l'enquête de la narratrice. 

Stupéfiant de talent, d'énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot.
Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d'images et d'esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Une histoire d'orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d'amour et de quête de soi. Et la naissance d'une écrivaine.

MON AVIS :

Un magnifique premier roman, avec une incroyable histoire: celle des origines de l'autrice, mais racontée sous forme de roman.
On croirait un conte de fées, une histoire qui nous est racontée à la veillée, devant le feu de cheminée.
Car, c'est incroyable cette histoire et pourtant tout est vrai, mais romancé.
Les héros ont des origines pas courantes: fille d'une fratrie de dix enfants, de la pauvreté et de la violence familiale et fils d'une prostituée obèse, voici le duo des parents de Maria.
C'est le point de départ d'une quête familiale des origines, avec des surprises, des secrets dévoilés, et on est emportés dans cette histoire, jusqu'au dénouement.
C'est un fantastique premier roman !

MA NOTE : 5/5

vendredi 9 septembre 2022

GABRIELA GARCIA - DE FEMMES ET DE SEL - Rentrée Littéraire 2022- Premier roman


RESUME:

De 1866 à nos jours, le destin de deux lignées de femmes, l’une cubaine, l’autre salvadorienne, et leur combat pour devenir maîtresses de leur vie.

En 1866, à Cuba, María Isabel s’ouvre au monde grâce au lecteur de la manufacture de tabac qui l’emploie. Bouleversée par une lettre de Victor Hugo adressée aux femmes de son île, elle griffonne ses mots sur une page des Misérables : « Nous sommes la force. » Elle y puisera le courage d’affronter les épreuves qui l’attendent, sans imagi­ner que cette phrase trouvera un écho chez l’une de ses descendantes.

En 2015, Jeanette, toxicomane américaine à la dérive, se rend à Cuba en quête de réponses. Elle rencontre une famille qu’elle n’a jamais connue et met la main sur l’exemplaire des Misérables de son aïeule. Suffira-t-il à la sauver de ses démons ?

Ana, une adolescente salvadorienne expulsée des États-Unis, est déterminée à regagner coûte que coûte le pays dans lequel elle a grandi…

De La Havane à Miami, De femmes et de sel est une histoire de faux pas, de regrets, de pardon et de rédemption, qui dénonce les violences intimes et sociales faites aux femmes, génération après génération.

MON AVIS :

Avec une magnifique couverture, ce roman, vous entraîne dans le sillage de femmes latino, qui toute leur vie, ont affronté les difficultés, les contraintes, les écueils, les soucis, les pertes.
Cet un entremêlement des destinées de : Dolores, Carmen, Jeannette, Ana, que nous suivons et avec qui nous sommes emportés, nous ressentons leurs émotions, leurs choix, leurs douleurs, et les grandes difficultés à vaincre.
On y suit l'évolution des moeurs, de l'émancipation de la femme, de la vie sociétale et de l'impact de la force de caractère, permettant la survie et l'espoir d'une vie meilleure.
C'est un roman envoutant, que j'ai adoré, servi par une écriture fluide, permettant de s'immerger dans les vies de nos héros de Cuba à la Floride, de 1866 à nos jours.

MA NOTE : 4/5

jeudi 8 septembre 2022

CAROLINE LAURENT - CE QUE NOUS DESIRONS LE PLUS -Rentrée Littéraire 2022

RESUME :

Que désires-tu ?

Écrire est la réponse que je donne à une question qu’on ne me pose pas.

Un jour une amie meurt, et en mourant au monde elle me fait naître à moi-même. Ce qui nous unit : un livre. Son dernier roman, mon premier roman, enlacés dans un seul volume. Une si belle histoire.

Cinq ans plus tard, le sol se dérobe sous mes pieds à la lecture d’un autre livre, qui brise le silence d’une famille incestueuse. Mon cœur se fige ; je ne respire plus. Ces êtres que j’aimais, et qui m’aimaient, n’étaient donc pas ceux que je croyais ?

Je n’étais pas la victime de ce drame. Pourtant une douleur inconnue creusait un trou en moi.

Pendant un an, j’ai lutté contre le chagrin et la folie. Je pensais avoir tout perdu : ma joie, mes repères, ma confiance, mon désir. Écrire était impossible. C’était oublier les consolations profondes. La beauté du monde. Le corps en mouvement. L’élan des femmes qui écrivent : Deborah Levy, Annie Ernaux, Joan Didion… Alors s’accrocher vaille que vaille. Un matin, l’écriture reviendra.

MON AVIS :
L'autrice a été révélée avec "Et soudain la liberté", co-écrit avec Evelyne Pisier et continué avec son mari, Olivier Duhamel.
C'est donc le ciel qui lui ait tombé sur la tête, lors de la sortie en Janvier 2021 du livre de Camille Kouchner: La familia grande et les révélations d'inceste.
C'est ensuite, une dépression, une descente aux enfers émotionnelle qu'a subit Caroline, et elle nous raconte, son année d'errance et de remise en question, sans fard et avec franchise.
C'est intéressant, car on se rend bien compte, qu'avec les mots et l'écriture, on arrive à faire ressentir la souffrance, la recherche de sa place, de sa légitimité d'écrivaine, de la perte de repères, de confiance en soi, qu'a entraîné cette déflagration.
C'est un essai autobiographique, qui se lit facilement et qui rentre en écho avec ce que chacun peut avoir vécu dans son parcours de vie.

MA NOTE : 4/5

vendredi 2 septembre 2022

LEONORA MIANO - STARDUST - Rentrée Littéraire 2022


RESUME :
«  Stardust est le premier roman que j’aie composé dans l’intention de le faire publier. Écrit il y a plus de vingt ans, il relate un moment marquant de ma vie, cette période au cours de laquelle je fus accueillie dans un centre de réinsertion et d’hébergement d’urgence du 19ème arrondissement de Paris. 

J’étais alors une jeune mère de 23 ans, sans domicile ni titre de séjour. Mon souhait était surtout de me pencher sur ma vie à l’intérieur de ce foyer, de me libérer des histoires, des visages qui, plusieurs années après, continuaient de me hanter.

De Stardust, il est impossible de parler comme de mes autres romans. Il s’en distingue par son caractère autobiographique mais aussi par son style.
Ce que l’on trouvera dans ce livre, au-delà des événements qu’il relate, ce sont les raisons pour lesquelles je vécus si longtemps en France où j’étais venue contre mon gré.

C’est en fréquentant la rudesse de ses marges que j’ai le plus intimement connu la France, sans qu’il lui soit possible d’en faire autant. À sa manière, Stardust évoque aussi l’impossible appartenance au groupe, le recours impératif à la création littéraire, artistique, pour tenter d’entrer en relation. »L.M.

MON AVIS :

Un court roman puissant par les émotions qu'il dégage. Sous Louise, l'auteur nous partage une partie de son parcours de vie, lorsqu'elle était jeune maman, sans papiers, sans logement, sans travail et qu'elle a vécu dans un centre d'hébergement d'urgence et de réinsertion.

On y ressent la force de caractère qui anime Louise, portée par sa fille Bliss, pour qui elle décide de tenir et endurer les difficultés, afin de lui assurer une vie meilleure (ce qui a largement été effectué).

C'est intéressant, car vrai, on y découvre l'univers des personnes en grande précarité, ce qui peut être proposé pour les aider, avoir envie de rester en vie, de ne pas se laisser déchoir.

C'est un univers difficile, compliqué, avec ses codes, et cela n'est pas facile. On s'attache à ces histoires de femmes, ayant cru en leurs rêves, et ayant chuté, les contraintes et le sentiment d'abandon qu'elles ressentent.

C'est une lecture intéressante et nécessaire pour comprendre, mais aussi, qui montre que la résilience est possible.

MA NOTE : 5/5

jeudi 18 août 2022

ROSA VENTRELLA - BENI SOIT LE PERE


RESUME :

Rosa est née dans le quartier de San Nicola, un des plus pauvres de Bari. Parmi les maisons blanches bordant d'étroites ruelles qui courent vers la mer, la violence règne. À la maison, où le père de Rosa tyrannise la famille, la violence est aussi de mise.

Quand elle rencontre Marco au sortir de l'adolescence, Rosa voit en lui une porte de sortie, la possibilité de reconstruire sa vie loin de Bari. Tous deux partent pour Rome, où ils s'installent et se marient. Mais très vite Rosa comprend que Marco n'est pas celui qu'elle croyait.

Quand la mort de son père rappelle Rosa dans sa ville natale, la jeune femme n'a d'autre choix que de replonger dans son passé. Parviendra-t-elle à pardonner à son père pour tout ce qu'il a fait subir à sa famille ?

MON AVIS : 
Une histoire dans l'Italie du Sud des années 50, où le patriarcat règne en maître, Rosa, lutte pour son émancipation et fuit la violence familiale.
Mais à Rome, Rosa se rend compte que les affres de ses parents la suit, et sa vie avec Marco, y ressemble de plus en plus.
Retournant à Bari, pour s'occuper de sa mère, malade, Rosa avec sa force de caractère, va briser les codes du patriarcat familial,et imposer son dynamisme et sa personnalité.
C'est un roman sur la lutte et l'émancipation féminine, qui n'est pas sans rappeler les romans d'Elena Ferrante.
Une belle lecture, vivante et dynamique.

MA NOTE : 4/5 

jeudi 11 août 2022

DJAILI AMADOU AMAL - COEUR DE SAHEL

 RESUME : 

Faydé vit dans les montagnes dans l’extrême-nord du Cameroun. Pour que sa mère, ses frères et sa sœur ne soient pas dans le besoin, son beau-père ayant disparu au cours d’une razzia de Boko Haram, la jeune adolescente décide de partir à Maroua, la ville la plus proche, où elle sera domestique. 

Comme ses comparses, elle devra se faire à sa nouvelle vie, citadine et difficile pour les filles. Mépris de classe, mauvais traitements, viols… Comment Faydé parviendra-t-elle à se frayer son chemin dans un environnement, où son destin semble tracé à l’avance ?


Djaïli Amadou Amal signe, avec Cœur du Sahel, un nouveau roman sur la condition de la femme dans le Sahel à travers la vie non plus des « Impatientes » mais de leurs domestiques, marquant encore plus son engagement contre les injustices faites aux femmes.

MON AVIS :

Un roman africain, qui raconte sans fards, la vie des domestiques, des grandes concessions africaines. 

On suit le destin de Faydé, quittant son village pour être domestique à Maroua, et découvrant les difficultés de son travail et des relations sociales avec les membres de la concession: respecter la hiérarchie entre les femmes, la dûreté du travail, laissant peu de place pour l'instruction.

Tout fonctionne bien, jusqu'à ce que Faydé tombe amoureuse d'un homme peul et riche, avec qui rien ne sera possible, car ils ne sont pas du même milieu social.

C'est là que réside l'intérêt du roman. Malgré l'impossibilité, comment nos deux héros, vont agir afin de pouvoir braver ce destin tracé. 

C'est un bon roman, vivant,avec une belle écriture, vivante, vibrante de femmes, de cancans, d'intrigues de pouvoir, de sentiments, et surtout qui nous fait entrer et comprendre l'intérieur de la société africaine.

MA NOTE : 5/5

mardi 9 août 2022

COLUM McCANN - APEIROGON

RESUME : 

Apeirogon
Une figure géométrique au nombre infini de côtés.
En son cœur, deux pères.

Un palestinien, un israélien, tous deux victimes du conflit, qui tentent de survivre après la mort de leurs filles. Abir Aramin, 1997-2007. Smadar Elhanan, 1983-1997. Il y a le choc, le chagrin, les souvenirs, le deuil. Et puis l’envie de sauver des vies. Ensemble, ils créent l’association « Combattants for Peace » et parcourent le globe en racontant leur histoire pour susciter le dialogue.
Et un nombre infini de côtés.

Toutes les facettes d’un conflit, qui est à la fois historique, politique, philosophique, religieux, musical, cinématographique, géographique. Une tragédie infinie qui happe le lecteur, l’absorbe, lui donne une responsabilité et l’engage à comprendre, à échanger, pour entrevoir un nouveau futur. Une tentative d’apaisement.

MON AVIS : 

Un énorme coup de coeur pour ce grand roman, empli d'émotions.A partir d'une histoire vraie de l'amitié entre un Palestinien et un Israélien, ayant tous deux perdu leur fille, lors d'attentats, l'auteur utilise touts les facettes de la figure géométrique : Apeirogon, pour nous raconter les arcanes du conflit, une superbe amitié, et surtout comment surmonter sa douleur, sa haine, pour la transformer en résilience.

Un excellent roman, servi par une écriture vivante,vibrante, riche en émotions.

MA NOTE : 5/5


MARIA LARREA - LES GENS DE BILBAO NAISSENT OU ILS VEULENT - Rentrée Littéraire 2022 - Premier roman

RESUME : L'histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à ...