samedi 18 avril 2020

BLANDINE DE CAUNES - LA MERE MORTE

RESUME : 
Une mère, âgée mais indépendante, se trompe de jour, de lieu de rendez-vous avec ses filles, achète des objets superflus et coûteux, oublie dans le coffre de sa voiture les fruits de mer bretons, et se lève la nuit, croyant partir pour une destination inconnue.
Cela pourrait être drôle, si ce n’était une maladie mentale due à l’âge, et surtout si cette femme si confuse n’était pas la romancière Benoîte Groult, la mère de l’auteure de ce livre d’une force rare.
Benoîte Groult, luttant, jouant avec sa propre fin, mais refusant avec rage de céder à la fatalité et à la vieillesse, elle qui a été une militante de l’association « Pour le droit de mourir dans la dignité  ». 

Voici la femme intime, plus que la femme publique, ici telle qu’on ne la connaît pas, et qui écrivait : « Dans la vie, deux mondes se côtoient : celui des gens qui vont vivre et celui des gens qui vont mourir. Ils se croisent sans se voir. »

Benoîte s’éteint en juin 2016 à Hyères, à 96 ans. Écrivaine comblée, mère et grand-mère heureuse, femme de combats remportés. 

Mais ce que ce livre raconte, ce n’est pas juste le deuil hélas ! prévisible d’une mère admirée et aimée, mais un double deuil : voici le terrible sens du titre,
 La mère morte. « Maman, mon dernier rempart contre la mort. 
Bientôt, ce sera moi le rempart pour ma fille ».
Le 1er avril 2016, la fille de Blandine de Caunes, Violette, 36 ans, meurt dans un banal accident de voiture, laissant orpheline sa fille Zélie. 

L’ordre du monde est renversé : Benoîte s’accroche à la vie, Blandine sombre, Violette n’est plus. 
De Benoîte Groult, sa fille a hérité l’humour et la force vitale.

MON AVIS : 
Une histoire autobiographique, poignante, émouvante et en même temps porteuse d'espoir.
L'auteur partage un moment très douloureux de sa vie, en évoquant la maladie d'Alzheimer de sa mère, et de sa fin de vie, et les décisions très difficiles qui ont été prises, suite à la volonté affirmée de Benoîte Groult.
Dans ces moments compliqués, un évènement tragique est survenu, la mort de sa propre fille : Violette, dans un accident de voiture.
Double peines et double deuils pour l'auteur, c'est une période très compliquée, de remise en questions, de désarroi, de détresse, de perte de repères, de vie,de sentiments de ne pas avoir assez profité de son enfant, de l'injustice et l'incompréhension, car l'ordre est inversé, que nous partage Blandine, et comment la reconstruction s'en est suivie, différente de la vie d'avant, mais présente.
C'est un livre qui permet d'aider les personnes qui vivent les mêmes drames, mais également, un livre sur l'Amour, tout en douceur, en pudeur, accessible à tous.

Citations: 
"Il y a un mot en hébreu pour désigner l'état des parents qui ont perdu un enfant: shakoul, shakoula. C'est la seule langue où ce mot existe.
Et je pensais: c'est gagné, enfin nous avons des relations apaisées d'adultes. Le meilleur nous attend.
Moi qui lisait toute la presse, je ne lisais plus rien, ou presque.Plus de romans non plus. Seulement de la poésie ou des témoignages de parents qui ont perdu un enfant ou un proche. C'est ma nouvelle famille, la famille des affligés.
Et ils sont nombreux . 
Violette est tout le temps avec moi: je suis amputée et j'ai mal à elle, comme on a mal, paraît-il au membre perdu. C'est ce qu'on appelle les douleurs fantômes.
.. J'enterrais ...Tout ce travail que représente l'éducation d'un enfant: les angoisses, les bonheurs, l'interminable crise d'adolescence qu'on finit par surmonter, tout est réduit à néant."

MA NOTE : 5/5

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